Le maté – élixir de santé ou piège cancérigène ?
Le maté est prisé pour ses propriétés stimulantes et son goût riche. Avec une popularité croissante, tant parmi ceux qui cherchent à améliorer leur bien-être que ceux qui cherchent une alternative au café, cette infusion gagne en notoriété. Cependant, cet engouement soulève également des questions, des rumeurs et des controverses. L’une des inquiétudes les plus fréquentes concerne le potentiel cancérogène du maté. Ces préoccupations sont-elles justifiées ? Le maté est-il réellement un facteur de risque pour le cancer ? Il est temps de séparer le vrai du faux et d’examiner cette question de plus près.
Le « trésor vert » d’Amérique du Sud
Le maté est apprécié depuis des siècles dans des pays d’Amérique du Sud tels que l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Cette infusion, préparée à partir des feuilles de l’ilex paraguariensis, est renommée pour ses nombreux bienfaits pour la santé. Elle contient de la caféine, une abondance de vitamines, de minéraux et d’antioxydants, qui, ensemble, soutiennent le système immunitaire, améliorent la concentration et fournissent de l’énergie. En outre, le maté joue un rôle central dans la culture sud-américaine. Ce n’est pas seulement un moyen de stimulation, mais aussi un rituel social important. Boire le maté à plusieurs à partir d’un même récipient est un symbole d’amitié et d’hospitalité. Il n’est donc pas surprenant que le maté ait été surnommé le « trésor vert » par les Indiens Guarani, qui ont découvert ses vertus bénéfiques.
Cependant, malgré ses nombreux avantages pour la santé et sa popularité croissante en dehors de l’Amérique du Sud, le maté suscite parfois des controverses. Ces dernières années, des rapports ont suggéré que le maté pourrait être cancérogène. Internet et les réseaux sociaux sont régulièrement inondés de commentaires et d’articles établissant un lien entre le maté et le risque de cancer. Ces affirmations sont-elles fondées ? Le maté est-il cancérogène ? De nombreux amateurs de cette infusion se posent la question. Dans cet article, nous tenterons de clarifier ces doutes et d’examiner de plus près les origines des rumeurs et des controverses inquiétantes.
Le maté est-il cancérogène ? Les sources de controverse
Le maté, comme d’autres boissons stimulantes telles que le café, le thé ou les boissons énergétiques, a à la fois ses partisans et ses détracteurs. Il est vrai que, parmi ces sources de caféine et de stimulation, le maté est celui que nous connaissons le moins bien, et ce qui est inconnu suscite souvent une certaine méfiance, une tendance naturelle chez l’être humain. Au fil des années, de nombreuses rumeurs et spéculations ont entouré le maté, et l’une des plus fréquemment répétées est celle concernant son potentiel cancérogène. Mais d’où viennent vraiment ces controverses ? Le maté est-il cancérogène ou est-ce un mythe ?
Ces préoccupations trouvent leur origine dans des études menées à la fin du XXe et au début du XXIe siècle, qui ont révélé un lien potentiel entre la consommation de maté et un risque accru de cancer de l’œsophage chez les habitants d’Amérique du Sud. Après la publication de ces résultats, les médias et Internet ont été envahis par des reportages sur la prétendue nocivité du maté. L’un des premiers articles à avoir attiré l’attention a été publié en 2009 dans le grand quotidien américain LA Times sous le titre « Yerba mate : Sip, don’t gulp ». L’auteure de l’article, en sortant les informations scientifiques de leur contexte, appelait à une approche prudente vis-à-vis du maté, souvent promu dans les campagnes marketing comme une alternative plus saine au café. Ce texte a engendré d’autres réflexions médiatiques sur la potentielle dangerosité du maté – sans recherches approfondies et souvent décontextualisées. De tels articles continuent d’apparaître aujourd’hui. Quelle est la vérité derrière ces affirmations ? Examinons les faits.
Que disent les études ? Les faits scientifiques
Les études mentionnées précédemment sur la nocivité du maté ont été menées entre 1990 et 2004 par le chercheur uruguayen Eduardo De Stefani et son équipe. Pendant près de 15 ans, les scientifiques ont réalisé des dizaines d’analyses, impliquant plusieurs milliers de patients, pour étudier le lien entre le maté et le cancer de l’œsophage. Les patients ont été interrogés à l’aide de questionnaires couvrant divers aspects de leur vie, tels que l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, les revenus, la taille et le poids, ainsi que leur consommation d’alcool, de tabac et de maté.
Les résultats d’une analyse publiée en 1996 ont révélé que chez les personnes consommant régulièrement du maté, le risque de développer un cancer pouvait augmenter jusqu’à 60 %. En 1991, la relation entre le maté (ainsi que le thé et le café) et le cancer a également été soulignée dans un monographie de l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (IARC), affiliée à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a classé l’infusion de yerba mate dans le groupe 2A comme étant probablement cancérogène pour l’homme. Cela semble sérieux et inquiétant, ce qui explique l’ampleur de la sensation médiatique et des soupçons.
Ce n’est qu’en 2016 que l’IARC a apporté de nouvelles perspectives sur cette question. Les études précédemment publiées sur le lien entre le maté et le cancer ont été réévaluées. Il a été constaté que les conclusions tirées des analyses de De Stefani n’avaient pas pris en compte certains facteurs importants. Les patients de l’étude étaient principalement des hommes issus de milieux socio-économiques défavorisés, avec un accès limité à une alimentation saine et, surtout, des fumeurs habituels. Ces facteurs remettent en question les résultats de l’étude, mais ce n’est que plusieurs années plus tard qu’ils ont été pris en compte. L’IARC a alors révisé ses conclusions, affirmant qu’il n’existait pas de preuves claires que le maté soit cancérogène en soi. L’infusion de maté, lorsqu’elle est consommée à une température maximale de 65°C, a été reclassée dans le groupe 3, ce qui signifie qu’elle n’est pas classifiée comme cancérogène pour l’homme.
Cependant, certaines questions demeurent concernant les possibles effets cancérogènes du maté. Ces points continuent d’être abordés dans des articles sensationnalistes. Mais doit-on réellement s’inquiéter ?
Quels éléments du maté peuvent influencer le risque de cancer ?
L’un des principaux sujets de préoccupation concernant le maté est la présence de polycycliques aromatiques hydrocarbures (PAH) dans l’infusion. Ces substances nocives se forment notamment lors de la combustion incomplète de matières organiques. Dans le maté, elles peuvent apparaître en raison du séchage traditionnel des feuilles à l’aide de fumée et de feu. Les PAH peuvent contribuer au développement de cancers, ce qui a alimenté les spéculations sur la possible cancérogénicité du maté. Cependant, il est important de noter que la concentration de PAH dans le maté n’est pas plus élevée que dans d’autres produits alimentaires courants. En fait, ces composés se trouvent même dans des fruits et légumes frais ! Ce détail est souvent omis dans les rapports médiatiques. Selon les études, la concentration de PAH dans le maté traditionnel est d’environ 30 μg/kg. En comparaison, la concentration dans les feuilles de thé est d’environ 21 μg/kg, dans le café torréfié 13 μg/kg, dans la laitue 3-12 μg/kg, dans les pommes 30-60 μg/kg, dans la viande fumée 50 μg/kg, et dans la viande grillée jusqu’à 320 μg/kg. Seul un tel comparatif permet de tirer une conclusion objective : les substances nocives sont présentes dans le maté comme dans d’autres produits alimentaires que nous consommons quotidiennement, mais leur quantité n’est pas dangereuse pour la santé. Si tel était le cas, de nombreux produits seraient interdits par les autorités sanitaires.
Un autre facteur mentionné par les chercheurs pouvant influencer le risque de cancer est la température de la boisson. Boire des liquides très chauds, au-dessus de 65°C, que ce soit du maté, du café ou du thé, peut irriter la gorge et l’œsophage, augmentant ainsi le risque de développer des cancers. Les vaisseaux sanguins dilatés par la chaleur absorbent mieux les substances – bonnes ou mauvaises. Boire des boissons chaudes en même temps que fumer des cigarettes peut être une combinaison particulièrement risquée. En réalité, le risque de cancer associé à la consommation de maté est similaire à celui de tout autre liquide consommé à haute température, y compris de l’eau chaude pure. Ce ne sont pas les boissons elles-mêmes qui sont cancérogènes, mais la manière dont elles sont consommées qui peut augmenter le risque ! Par conséquent, qu’il s’agisse de maté, de café ou de thé, il est crucial de les consommer à une température modérée et non excessive.
Enfin, une étude scientifique récente de 2023 a conclu qu’il n’existe pas de preuves que les substances contenues dans le maté, en soi, augmentent le risque de cancer de l’œsophage. De plus, il existe des indications que ses propriétés antioxydantes pourraient éventuellement trouver des applications dans les thérapies anti-cancéreuses à l’avenir.
Consommer le maté de manière judicieuse et sécuritaire !
En résumé, les recherches les plus récentes indiquent clairement que le maté, en soi, n’est pas nocif, mais comme tout aliment, il nécessite une approche consciente et prudente. Pour ceux qui apprécient le goût et les bienfaits du maté, voici deux conseils pratiques pour profiter de cette infusion tout en veillant à votre santé :
- Consommer le maté à la bonne température. Nous avons souvent souligné sur notre blog l’importance de la température de l’eau pour infuser le maté, idéalement entre 70 et 80°C. Ce n’est pas seulement une question de préserver les propriétés bénéfiques de l’yerba mate ; la température de l’eau joue également un rôle crucial pour notre santé. Évitez d’utiliser de l’eau bouillante ! Au lieu de boire du maté immédiatement après l’avoir versé, laissez-le légèrement refroidir. Un maté tiède, mais non brûlant, est tout aussi savoureux et moins nocif.
- Choisir des produits de haute qualité. Achetez votre maté auprès de producteurs réputés qui utilisent des méthodes modernes de séchage pour limiter la formation de PAH. Bien que ces substances puissent apparaître dans le maté traditionnel, séché à l’aide de feu et de fumée, leur concentration reste dans les limites des normes de sécurité. Pour ceux qui sont préoccupés par ces aspects, il existe une alternative : le maté vert brésilien, non fumé, séché à l’air chaud. La marque Verde Mate Green propose ce type de maté, disponible dans notre boutique.
Le maté est un véritable trésor de la nature, riche en vitamines, minéraux et antioxydants. Une consommation régulière peut améliorer la mémoire et la concentration, fournir de l’énergie, soutenir la perte de poids et renforcer le système immunitaire. Avec sa caféine naturelle, le maté est une excellente alternative au café, offrant de nombreux avantages pour la santé. Il serait dommage de renoncer à ses bienfaits en raison d’informations non vérifiées et sensationnalistes circulant sur internet. Comme pour tout produit, le maté doit être consommé de manière consciente, en évitant les boissons trop chaudes. Profitez de cette infusion exceptionnelle tout en prenant soin de votre santé et de votre bien-être. À votre santé !
